… Jésus se leva pour faire la lecture et on lui remit le livre du prophète Esaïe. L'ayant déroulé, il trouva l'endroit où il était écrit : L'Esprit du Seigneur est sur moi parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres, il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la délivrance et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour publier une année de grâce du Seigneur. Luc 4/17-19

Si on découpe la phrase en fonction des verbes conjugués, Jésus est d'abord oint c’est-à-dire équipé de Dieu, rendu capable puis envoyé par Dieu pour manifester cette capacité. Ainsi l'onction est circonscrite à une seule chose capitale, celle d'annoncer une bonne nouvelle aux pauvres.

1. L'annonce

Annoncer une bonne nouvelle est la traduction complète du mot grec euaggelizo que nous limitons le plus souvent à la traduction de bonne nouvelle. Le verbe annon­cer étant inclus dans le mot grec l'onction est donc tou­jours synonyme d'évangéliser. Ensuite il est intéressant de noter à qui s'adresse cette annonce. Il nous est dit claire­ment qu'elle est en direction des pauvres. Alors je veux bien que certains prennent le mot dans son sens naturel pour enseigner que l'évangile rend le pauvre financière­ment plus riche dès lors qu'il se convertit et suit Jésus, appliquant à la lettre toutes les ordonnances prêchées dans les églises notamment sur le plan financier mais désolé de vous contredire, même si par ailleurs et pour d'autres raisons Dieu sortira de la pauvreté quiconque le lui demande, il est question d'un autre niveau de compré­hension que l'on retrouve dans d'autres versets.

En effet, le mot grec ptochos qui est traduit dans tout le Nouveau Testament par pauvre signifie réduit à la mendicité, réduit à demander l'aumône pour vivre c’est-à-dire un mendiant. Or le mot mendiant n'est jamais emplo­yé sauf dans un seul verset (Marc 10/46) où il traduit un autre mot grec, prosaiteo qui est en fait une subtilité dans la signification du mot mendiant. Ptochos définit davanta­ge la condition du mendiant, son statut social au bas de l'échelle qui, par pudeur ou honte ne s'exprime générale­ment pas visiblement quand prosaiteo fait plutôt référence à l'action active de mendier sur le domaine public. Il existe aussi un autre verset en Jean 9/8 où le mot mendiant est mentionné suite à une mauvaise traduction de la version Second : le mot qu'il traduit est tuphlos qui signifie aveugle et est traduit comme tel dans toutes les occurrences du Nouveau Testament sauf bizarrement celle en Jean. Le verset lu par Jésus dans la synagogue était l'original en Esaïe 61/1 auquel Jésus ajoute Esaïe 58/6 et donc, le mot hébreu correspondant est anav qui, en plus de désigner une personne matériellement pauvre et misérable définit aussi celle qui est affligée et de condition humble. Il est traduit souvent par malheureux comme dans la version Second et est souvent employé comme synonyme de pauvre . Pourtant, pour des raisons étymologiques (voir Le bien être vient du cœur), le mot malheureux fait référence à la malchance plus qu'à la pauvreté rendant malheureux inadapté.

Compte tenu de ces remarques sémantiques dans les deux langues (hébreu et grec) je crois que Jésus ne par­lait pas des pauvres sur le plan matériel mais bien de tous ceux dont le cœur est suffisamment humble pour se ren­dre compte qu'ils sont des nécessiteux, des mendiants spirituels et qu'au fond d'eux-mêmes ils croient qu'un Dieu existe et le recherchent sans vraiment savoir où le trouver et ce, quelle que soit leur situation matérielle et sociale car il est des pauvres qui n'ont aucune humilité et sont même orgueilleux et des riches qui sont, sinon humbles devant Dieu au moins modestes devant les hommes. Ce verset se rapproche alors du fameux sermon de la montagne que Jésus commence en s'adressant exactement aux mêmes personnes : Heureux les pauvres en esprit car le royaume des cieux est à eux nous dit la version Second (Matt. 5/3) mais si on remplace pauvres par la définition donnée plus haut et heureux par en marche (voir Le bien être vient du cœur) puisqu'on ne dit pas heureux à celui qui souffre et se trouve dans le manque, le message est beaucoup plus intéressant si on le développe :

En marche (sous-entendu sur le bon chemin) les humbles, les humiliés, les nécessiteux, les mendiants de l'Esprit car le royaume de Dieu est à eux (ou pour eux). Luc 4/17-19

2. Les résultats

Examinons maintenant ce que produit cette onc­tion qui, par notre nouvelle naissance, se perpétue aussi sur tous les disciples avérés de Jésus. Elle permet de :

Observez bien que toutes ces actions sont à destination de l'esprit et de l'âme car comme pour l'annonce, toutes ont plus de puissance et d'intérêt si leur cible n'est pas inféo­dée à la seule sphère de notre corps physique ; la guérison du corps n'est que la manifestation de la foi du cœur liée à cette onction. Ces actions se divisent en deux groupes :

1. celles dont la vocation est de donner de l'espérance aux cœurs en recherche de la paix intérieure face aux soucis de la vie en leur permettant de voir la lumière de la Vérité (citations 1 et 3). Le verbe guérir traduit ici le mot grec iaomai qui, outre guérir signifie res­taurer mais aussi libérer des péchés dans la perspec­tive du salut. Quant aux aveugles il s'agit bien sûr de ceux qui le sont spirituellement, notamment à cause de la religion mais aussi ceux dont le diable a aveuglé l'intelligence pour qu'ils ne puissent pas voir briller la Vérité de l'évangile (2 Corinthiens 4/3)
2. celles dont la vocation est de libérer les cœurs et les âmes de tout ce qui les enchaîne (citations 2 et 4)

Enfin, ces actions capitales pour l'avenir spirituel de tout homme peuvent se manifester parce que Dieu décrète en même temps une année (une période) de grâce c’est-à-dire la possibilité à quiconque de se réconcilier avec lui par le moyen qu'il a choisi, à savoir le pardon et donc le salut, obtenus par le sacrifice de Jésus-Christ à la croix et pas un autre ; l'année de grâce a donc commencé il y a deux mille ans et a succédé à la dispensation de la loi de Moïse. Ces deux groupes d'actions générées confirment ce que Dieu nous dit au sujet de l'onction en Esaïe 10/27 :

En ce jour, son fardeau (celui des ennemis d'Israël) sera ôté de dessus ton épaule et son joug de dessus ton cou et l'huile fera éclater le joug.

Le mot huile est préféré ici à graisse de la version Second car il traduit l'hébreu shemen dans toutes les autres occurrences (192) l'huile étant une représentation symbolique du Saint Esprit. L'onction a pour mission d'ôter les fardeaux de nos vies et de faire éclater les jougs, les chaines qui nous tiennent prisonniers des œuvres du diable.

3. La cible de l'onction

Examinons plusieurs versets afin de mieux com­prendre qu'elles seront les personnes réceptrices de cette onction. Nous avons vu que les pauvres sont ceux qui n'ont pas la prétention de croire que l'homme est capable de se suffire à lui-même par son intelligence et ses raisonne­ments mais qui ont cette humilité qui les pousse à espérer une réelle rencontre avec ce Dieu dont ils n'ont entendu parler bien souvent que par la religion. Ainsi, dans la para­bole du semeur Jésus nous enseigne sur la manière dont la bonne nouvelle du Royaume de Dieu, donc l'Évangile, est reçue par ceux qui l'entendent (donc les mendiants de l'Esprit, les humbles) ceux-ci n'étant pas tous les hommes mais seulement ceux qui cherchent Dieu ou ceux qui l'en­tendent malgré eux qu'ils soient ou non prisonniers d'une religion ou d'une philosophie qui les a égarés jusqu'alors : L'Éternel, du haut des cieux, regarde les fils de l'homme, pour voir s'il y a quelqu'un qui soit intelligent, qui cherche Dieu. (Psaumes 14/2). Par d'autres mots, si vous cherchez Dieu de tout votre cœur, Dieu vous conduira toujours à la Vérité de sa Parole, Jésus : Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m'a envoyé ne l'attire ; et je le ressusciterai au dernier jour. … Ainsi quiconque a entendu le Père et a reçu son enseignement vient à moi. (Jean 6/44-45). En revanche Jésus nous dit en Luc 18/24 qu'il est difficile à ceux qui ont des richesses d'entrer dans le royaume de Dieu simplement parce que l'argent étant le dieu de ce monde (voir Le matérialisme), le riche s'appuie sur lui et a beaucoup de mal à faire confiance à Dieu pour diriger sa vie qu'il limite à la sphère naturelle rassurante par ses richesses. Notez que Jésus dit qu'il est difficile aux riches d'entrer dans le Royaume de Dieu et non pas que c'est impossible. Hélas c'est bien ce qu'on constate car si les richesses de ce monde étaient au service du plan de Dieu pour l'humanité, la Terre ne serait pas dans l'état où la convoitise et la cupidité l'ont mise ! Ainsi, la parabole du semeur nous indique ce qu'il advient de ceux qui enten­dent la Parole de Dieu après avoir cherché la Vérité et les classe en quatre catégories en fonction de leur attitude :

1. celui qui écoute la parole et ne la comprend pas, le malin vient et enlève ce qui a été semé dans son cœur : c'est instantané, le diable vole toujours la Parole quand il n'y a pas de compréhension et c'est même la seule raison pour qu'il vienne dans nos pensées qui semblent bonnes mais sont terrestres.
2. celui qui n'a pas de racines en lui-même et manque de persévérance : dès que survient une difficulté ou une persécution à cause de la Parole, il renonce. Pas de racines c'est n'avoir que des pensées humaines qui se traduisent par de faux raisonnements, aucune conviction et l'acceptation d'autres semences philo­sophiques ou idéologiques qui sonnent bien.
3. celui dont les soucis et la séduction des richesses étouffent la Parole et la rendent sans effet. Le matérialisme prend le dessus par la convoitise et la séduction qui annule la confiance en Dieu.
4. celui qui entend la parole et la comprend : il entre en communion avec Dieu et obtient les résultats attendus pour sa vie parce qu'il fait la volonté du Père.

Au départ les trois autres cherchaient Dieu mais se sont fait voler leur détermination simplement parce qu'ils cherchaient un dieu qui répondent d'abord à leurs attentes matérielles sans comprendre les priorités de Dieu et le but de notre vie terrestre : elle ne sert qu'à nous préparer pour l'éternité, pas pour gagner de l'argent ! Est-ce que je m'approche de Dieu parce que je l'aime ou pour ce qu'il peut me donner ? Le diable donne de l'argent et le succès pour assouvir nos convoitises. Quelle personne êtes-vous en écoutant la Parole ? Remarquez que cette parabole (lisez-la dans son intégralité), ne nous donne pas les proportions de chaque catégorie. Nous savons seule­ment que pour trois d'entre elles les auditeurs ne rentrent pas plus dans le Royaume de Dieu que ceux qui n'auront jamais écouté la Parole et pourtant au départ Dieu les a attirés à la Parole puisqu'ils étaient en recherche. Atten­tion donc comment vous écoutez la Parole, n'ayez pas un cœur endurci et méfiez-vous de votre négligence dans ce domaine, Jésus nous a déjà en averti :

Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie et il y en a peu qui les trouvent. Matthieu 7/13-14

Enfin, pour tous les chrétiens qui n'ont pas honte d'annoncer l'évangile de Jésus-Christ au bénéfice de cette même onction, inspirez-vous aussi de sa façon de faire : il prêchait la Parole à qui voulait l'entendre mais il ne courait pas derrière les gens qui ne la recevaient pas. Seuls ceux qui le suivaient ou qui se déplaçaient pour l'écouter lais­sant souvent de côté leurs activités, étaient enseignés. Ceux que le Père nous envoie montreront les signes de leur soif d'entendre la Vérité aussi ne perdez pas votre temps à relancer plus de deux ou trois fois ceux qui trai­nent des pieds pour venir aux réunions et ont toujours des tas d'excuses ou ne parlent que de leurs problèmes dans l'attente que vous les aidiez parce que vous êtes chrétien, c'est très souvent Satan qui vous les envoie. Jésus a dit :

Lorsqu'on ne vous recevra pas et qu'on n'écoutera pas vos paroles, sortez de cette maison ou de cette ville et secouez la poussière de vos pieds. Matthieu 10/14

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