8. Le financement des structures
La dime n'a jamais été le moyen de financer ni la tente d'assignation, ni le tabernacle, ni le temple, toutes les structures nécessaires à la pratique du culte juif selon la loi de Moïse. Son seul rôle a été de pourvoir à la nourriture des lévites et des sacrificateurs comme nous l'avons vu.
Prenez sur ce qui vous appartient, une offrande pour l'Eternel. Tout homme dont le cœur est bien disposé apportera en offrande à l’Éternel : de l'or, de l'argent et de l'airain ; des étoffes … Tous ceux qui furent entraînés par le cœur et animés de bonne volonté vinrent et apportèrent une offrande à l’Éternel pour l'œuvre de la tente d'assignation. … Toutes les femmes dont le cœur étaient bien disposé et qui avaient de l'habileté filèrent du poil de chèvre. (Exode 35/4-5, 21 et 26)
Alors tous les hommes habiles, occupés à tous les travaux du sanctuaire, quittèrent chacun l'ouvrage qu'ils faisaient et vinrent dire à Moïse : le peuple apporte beaucoup plus qu'il ne faut pour exécuter les ouvrages que l’Éternel a ordonné de faire. … On empêcha ainsi le peuple d'en apporter. (Exode 36/5-6)
Voila décrite la première offrande destinée à la construction de la tente d'assignation et du tabernacle. A plusieurs reprises le Seigneur demande comme critère de l'offrande "de la prendre de ceux qui ont le cœur bien disposé" c'est-à-dire que ce n'était pas un impôt mais bien une offrande volontaire. Il était admis que certains ne donneraient pas. Le résultat final a été bien meilleur puisque, dans ce cas, Dieu a disposé favorablement les cœurs alors que par la contrainte, non seulement il n'y a jamais une adhésion totale mais en plus cela favorise les actes religieux, au contraire de ce que Dieu attend de nous. Bien qu'une forme d'impôt puisse aussi y trouver sa place dès lors que c'est justifié et surtout compris, ce n'est pas par la culpabilisation et la stigmatisation que l'on rend les cœurs bien disposés mais par l'adhésion à des projets communs qui glorifient Dieu. C'est d'ailleurs ce que nous enseigne l'apôtre Paul lorsqu'il prend l'image de la récolte toujours proportionnelle à la quantité semée, verset que l'on se plait à citer dans les églises en oubliant de lire les versets 7 et 13 où il précise qu'il ne peut donc s'agir que de dons et non pas de dimes ou d'autres choses obligatoires. Les dons sont l'expression de l’Évangile de Christ car avec Dieu, seuls les dix commandements sont obligatoires puisqu'ils sont la manifestation de l'amour que l'on voue à Dieu par une soumission volontaire et non contrainte.
Que chacun donne comme il l'a résolu en son cœur, sans tristesse ni contrainte car Dieu aime celui qui donne avec joie. … Car le secours de cette assistance non seulement pourvoit aux besoins des saints mais il est encore une source abondante de nombreuses actions de grâce envers Dieu. … ils glorifient Dieu de votre obéissance dans la profession de l’Évangile de Christ et de la libéralité de vos dons envers eux et envers tous … (2 Corinthiens 9/7 et 12-13)
N'imitons pas le système du monde que l'on combat et qui ne sait nous mettre que des contraintes pour mieux nous asservir. La construction du temple de David, autrement plus importante au niveau financier que la tente d'assignation est comparable et à ce titre très éloquente :
De plus, dans mon attachement pour la maison de Dieu, je donne à la maison de mon Dieu l'or et l'argent que je possède en propre outre tout ce que j'ai préparé pour la maison du sanctuaire. (1 Chroniques 29/3)
David montre l'exemple et toutes les élites le suivent (versets 6 à 8) mais aussi le peuple qui se réjouit de ses offrandes volontaires parce que "c'était avec un cœur bien disposé qu'ils les faisaient à l'Eternel et David en eut aussi une grande joie." La joie de David s'est traduite par une louange solennelle de toute l'assemblée et une prière qui glorifia Dieu :
Qui suis-je et qui est mon peuple, que nous puissions te faire volontairement ces offrandes ? Tout vient de toi et nous recevons de ta main ce que nous offrons. … Éternel, Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, nos pères, maintiens à toujours dans le cœur de ton peuple ces dispositions et ces pensées et affermis son cœur en toi. (1 Chroniques 29/14 et 18)
A la suite de ces offrandes pour la construction du premier temple, il y eut des sacrifices et des holocaustes considérables, à la hauteur des réjouissances du peuple qui fit un généreux banquet devant l’Éternel à partir des sacrifices offerts, les holocaustes étant consumés par le feu. Combien de fois votre église a-t-elle organisé de semblables réjouissances après avoir financé un projet commun ? Dieu veut que la joie de nos dons soit visible de tous. Pour la reconstruction du temple aux temps d'Esdras et de Néhémie, même procédé d'offrandes volontaires :
Les chefs de famille de Juda et de Benjamin, les sacrificateurs et les lévites, tous ceux dont Dieu réveilla l'esprit se levèrent pour aller bâtir la maison de l’Éternel à Jérusalem. Tous leurs alentours leur donnèrent des objets d'argent, de l'or, des effets, du bétail et des choses précieuses outre toutes les offrandes volontaires. (Esdras 1/5-6)
Et tout le peuple poussait de grands cris de joie en célébrant l’Éternel parce qu'on posait les fondements de la maison de l’Éternel. (Esdras 3/11)
Parfois, dans nos églises, nous ne savons même pas qu'un projet est lancé car il est parfois juste celui du responsable qui nous demande d'y adhérer une fois qu'il est achevé ! Je sais, ça vous dérange mais pourtant c'est la vérité qui ne favorise pas l'adhésion à la nation : n'est-ce pas ainsi que le monde fait ? Nous agissons trop souvent comme le système du monde qui se prive d'une meilleure idée ou d'une opposition de bon sens qui viendrait du peuple. L'église locale soit apprendre à déceler les talents d'un Betsaleel et Oholiab potentiels, tous ces hommes et femmes "habiles en qui l’Éternel a mis de la sagesse et de l'intelligence pour savoir et faire" (Exode36/1). Nous avons vu que la construction des lieux de culte a toujours été financée par les offrandes volontaires de tous ceux dont le cœur était bien disposé et qui, traduites de nos jours, sont des investissements. Examinons alors un passage lors de la reconstruction du temple au temps de Néhémie.
Nous nous imposâmes aussi des ordonnances qui nous obligeaient à donner un tiers de sicle par année pour le service de la maison de Dieu, pour les pains de proposition, pour l'offrande perpétuelle, pour l'holocauste perpétuel des sabbats, des nouvelles lunes et des fêtes, pour les choses consacrées, pour les sacrifices d'expiation en faveur d'Israël et pour tout ce qui se fait dans la maison de notre Dieu. (Néhémie 10/32-33)
Le texte commence par "nous nous imposâmes", donc ce n'est pas une instruction de Dieu qui fixe le montant d'un tiers de sicle (ou shekel) mais bien une décision humaine pour financer le service du temple ponctuellement. Par contre Dieu avait demandé à Moïse le versement de cette contribution fixée à un demi-sicle mais dont l'objet était le rachat de la personne et uniquement les hommes, avec pour but, le seul entretien de la tente d'assignation :
L’Éternel parla à Moïse et dit : lorsque tu compteras les enfants d'Israël pour en faire le dénombrement, chacun d'eux paiera à l’Éternel le rachat de sa personne … un demi-sicle sera le don prélevé pour l’Éternel. … Tout homme depuis l'âge de vingt ans paiera le don prélevé pour l’Éternel. (Extraits d'Exode 30/12 à 16)
Vous pouvez vous interroger quant à l'objet qui était de racheter les hommes et qui mérite une petite explication. Cette ordonnance intervient dans l'organisation du peuple lors de leur errance dans le désert et les femmes ne sont pas concernées parce que selon la loi, la femme est soit incluse avec son mari soit avec son père. Bon cela n'est pas important ici. En revanche, la raison pour laquelle Néhémie n'associe plus la notion de rachat se trouve dans le livre des Nombres où Dieu demande à Moïse (chapitre 3) de faire un dénombrement. La méthode est de compter tous les premiers-nés mâles des enfants d'Israël et de donner à Dieu tous les hommes de la tribu de Lévi afin d'instaurer les lévites dans leurs fonctions de prêtres. Nous avons vu aussi que les lévites se substituait au rachat des premiers-nés des autres tribus puis, nous arrivons aux versets de 46 à 48 où le dénombrement affiche un nombre de premiers-nés supérieurs aux nombre des lévites :
Pour le rachat des deux cent soixante-treize qui dépassent le nombre des lévites parmi les premiers-nés des enfants d'Israël, tu prendras cinq sicles par tête. … Tu donneras l'argent à Aaron et à ses fils pour le rachat de ceux qui dépassent le nombre des lévites.
Ainsi nous voyons que le paiement est multiplié par dix, nombre symbole de la perfection de l'ordre divin, parce qu'il s'agit d'un rachat signifiant ici que tout est complet, que rien ne manque, que tout le cycle est terminé. L'ordre de Dieu étant parfait il y a perfection entre ce que Dieu réclamait et ce que l'homme était chargé de donner. Tout cela participe à la symbolique du nombre dix dans la Bible et cet acte n'a été fait qu'une seule fois. Par la suite, Néhémie et les responsables ne demandent plus un demi-sicle mais un tiers de sicle détaché de la valeur du rachat. Aucun texte dans la Bible nous indique que Dieu en a demandé la pérennisation. Pourtant, nous retrouvons dans Matthieu une remarque de Jésus qui ne peut se com¬prendre que mise en parallèle avec le texte de Néhémie. Comme beaucoup de taxes, elle était très impopulaire mais trouvée bien commode par les gestionnaires du temple à qui revenaient en principe ses tâches. Elle fut donc pérennisée jusqu'à la destruction du temple en 70.
Lorsqu'ils arrivèrent à Capernaüm, ceux qui percevaient les deux drachmes s'adressèrent à Pierre et lui dirent : votre maître ne paie-t-il pas les deux drachmes ? Oui, dit-il. Et quand il fut entré dans la maison, Jésus le devança et dit : que te semble Simon ? Les rois de la terre, de qui perçoivent-ils des tributs et l'impôt, de leurs fils ou des étrangers ? Il lui dit : des étrangers. Et Jésus lui répondit : les fils en sont donc exempts. Mais pour ne pas les scandaliser, va à la mer, jette l'hameçon et tire le premier pois¬son qui viendra; ouvre lui la bouche et tu trouveras un statère. Prends-le et donne-le leur pour moi et pour toi. (Matthieu 17/24-27)
Les deux drachmes correspondent au demi-sicle d'Exode et le statère valait un sicle ou quatre drachmes. Les romains ne payaient pas d'impôt à Rome (seuls les étrangers en payaient) et de plus ils détournaient les impôts prélevés sur les nations occupées à leur profit. Mais pour cette taxe, cela ne se fera qu'après la destruction du temple. Donc l'argent était bien collecté pour le temple et si Jésus fait cette remarque c'est que cette taxe n'était pas de Dieu mais des hommes car le moyen que Dieu avait choisi pour le service du temple était basé sur les offrandes volontaires (Exode 35/21). Ainsi, le tiers de sicle imposé par Néhémie aurait dû être temporaire, le temps que la nation puisse s'organiser au retour de l'exil et en tous cas rien d'obligatoire ne devait jamais être demandé, seule¬ment des contributions volontaires appelées offrandes.
Conclusion de la deuxième partie
Si on résume brièvement cette deuxième partie, je dirais que la dime, les prémices et les premiers-nés sont indissociables de la libération des enfants d'Israël de l'esclavage en Egypte et de la conquête de la Terre de Canaan promise à Abraham, Isaac et Jacob. Dans cette perspective, la pratique de ces trois ordonnances a cette résonance spirituelle "de l'ombre des choses à venir". Dieu l'a parfaitement organisée en mêlant à la fois le détournement de la dime, une pratique ancienne dans le Proche Orient de l'époque et la sacralisation du devoir de mémoire de la libération de l'esclavage par le sang des premiers-nés. Les hébreux ne pouvaient absolument pas comprendre que leur délivrance et la conquête de Canaan étaient une image du sacrifice de Jésus à la croix qui nous libère de l'esclavage du péché et de la mort pour nous faire entrer en possession du Royaume de Dieu sur Terre. Les hébreux appliquaient des règles inféodées à la seule Terre d'Israël. Pour nous, tout est différent. Souvenez-vous qu'à cette époque, un roi représentait une divinité et, outre son rôle protecteur d'un territoire comme Dieu le fit, c'est à ce titre qu'il percevait la dime.
La Bible dit qu'en tant que chrétien, nous sommes à fois roi et sacrificateur, Jésus, le premier-né étant le roi des rois (les chrétiens) et le sacrificateur suprême éternel selon l'ordre de Melchisédek. Or le sacrificateur recevait la dime de la dime des lévites et jamais directement des producteurs mais aujourd'hui appliquer la loi mosaïque reviendrait à une absurdité puisque vous devriez vous donner la dime à vous-même en tant que roi et sacrificateur, Jésus n'ayant en rien besoin de votre dime, de vos prémices et encore moins de vos sacrifices. Dans l'Ancien¬ne Alliance rien n'était pour Dieu sinon la louange et la gloire dans la démonstration joyeuse des dimes et des prémices comme nous l'avons vu. De plus, la nation chrétienne n'existe pas en tant qu'espace géographique déterminé comme l'était et l'est encore Israël. Nous ne pouvons édicter nos propres lois car nous sommes dispersés parmi les nations dont nous subissons les lois et les persécutions. Enfin seules les offrandes volontaires pour ce que Dieu met dans le cœur de chacun incombent à tous les chrétiens pour le fonctionnement et les investissements de l'église locale car ce sont les seules qui soient fondées sur la monnaie du ciel : la foi. Je vous propose dans cette troisième partie un modèle simple de financement à la fois plus conforme à l'esprit des offrandes volontaires tout en essayant de rester très pragmatiques et surtout efficaces.
Partie 2 : Dime et prémices selon la Bible | |
8. Le financement des structures
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A suivre : Partie 3 : Une solution pour nos églises