L'enseignement évangélique

 

1. Les bases de cet enseignement


Régulièrement, au détour d'un enseignement ou d'une prédication dont ce n'est pas forcément le sujet, l'orateur cite un des trois versets ci-après, assorti parfois d'un com­mentaire incisif légitimé par une confiance absolue dans la pléthore d'interprétations propagées depuis des décennies et dénoncées ici. Tant pis pour ce frère qu'on dit aimer mais que l'on classe désormais parmi les rebelles de l'église puisque en apparence désobéissant. Dans ce paragraphe je me contenterai seulement de rappeler les versets cités pour réserver les explications de leur signification dans la deuxième partie de l'étude qui les mettra tous en parallèle dans leur contexte. Concernant la pratique de la dime, aucun d'entre eux, ne se trouve dans le Nouveau Testa­ment. Tous sont essentiellement dans la Torah et notam­ment dans le Lévitique et le Deutéronome. Partout ailleurs, sauf une variante au temps d’Ézéchias, il n'y a aucune indication quant à son objet ou sa pratique en elle-même. Lorsqu'il en est question ce ne sont juste que des citations ou des références rappelant ces deux livres. Tous ces versets-clés qui cherchent à prouver que la dime est une loi immuable, rendent l'utilisation des affirmations sui­vantes légitime bien que la Bible, prise dans son ensemble et selon le contexte, confirme des écrits contemporains qui nous racontent autre chose :

  • Toute dime de la terre appartient à Dieu (Lév. 27/30)
  • Ne pas la donner, c'est voler Dieu (Malachie 3/8-10)
  • La dime et les prémices, c'est pareil (Proverbes 3/9a)

Dans l'Ancienne Alliance, Dieu dit plusieurs fois à son peuple que telle chose lui appartient. J'en cite ici les principales sachant que certaines sont rappelées plusieurs fois :

  • la terre et tout ce qu'elle renferme (Deut. 10/14), verset repris dans 1 Corinthiens 10/26 pour affirmer notre liberté de jouir de tout ce que Dieu a créé et non pas pour nous en priver parce que ce serait à lui.
  • le monde est à moi et tout ce qu'il renferme (Psaumes 50/12)
  • l'argent est à moi, l'or est à moi (Aggée 2/8)
  • tout premier né parmi les enfants d'Israël, tant des hommes que des animaux m'appartient (Exode 13/1)
  • tout premier-né m'appartient, même tout premier-né dans tes troupeaux … (Exode 34/19)
  • j'ai pris les lévites à la place des premiers-nés d'Israël, ils m'appartiendront (Nombres 3/11-13)

Il est comme une évidence à tout chrétien que la Terre en tant que planète appartient à Dieu. Donc, par conséquent, tout ce qu'elle contient et est à notre disposition lui appar­tient. Mais ce n'est pas à ce titre que la dime appartient à Dieu comme de nos jours on le dirait de la taxe foncière que tout propriétaire doit à l’État et qui n'est autre qu'une vague analogie de la dime. Nous verrons en détail plus loin que la dime appartient à Dieu parce quel a notion même de dime est en lien avec la terre sur laquelle règne une divi­nité : c'est Dieu qui a donné Canaan à son peuple et le protège donc la dime lui appartient. Or c'est bien parce que les églises n'enseignent presque jamais l'objet, le support et les modalités d'application originelles de cette dime instaurée dans l'Ancienne Alliance, que tous ces versets, pris indépendamment ne sont pas qualifiés pour en déduire une loi qui serait universelle. Une telle pratique dans les églises d'aujourd'hui, non seulement corrompt sa nature et sa destination originelle mais en plus, elle sélec­tionne certains versets ; à titre d'exemple, à quel moment rachetez vous le premier-né de vos fils pourtant lié à la dime alors qu'il n'y pas de lévites dans l’Église ?

 

2. La surenchère dans l'interprétation


En dehors de l'église locale il est évident que les meilleurs supports pour trouver un enseignement concernant la dime sont les livres qui traitent de la prospérité. Vous n'y couperez pas, elle y est en bonne place et occupe souvent tout un chapitre puisque le lien entre dime et prospérité matérielle a été fait depuis longtemps, quelle que soit la source de cette prospérité comme la Bible semble l'ensei­gner. Dans ces conditions, il semble que les auteurs de ces ouvrages ne se satisfont plus des versets qui parlent direc­tement de la dime mais cherchent la révélation possible d'une dime cachée dans presque tous les versets qui nous parlent de dons ou d'offrandes. C'est ce que j'appelle la surenchère des interprétations qui consiste à tout ramener à une dime dès lors qu'il a association entre une bénédic­tion et un don. Les exemples ci-après sont principalement tirés de deux ouvrages cités en référence dans l'onglet "Partager" (Financially Farming God's Way (1987) de Markus Bishop et Biens, richesses et argent de C. Hill et E. Pitts) mais aussi de notes sourcées prises lors de prédica­tions. Dans certains cas, l'interprétation tord tellement la réalité de ce qui est écrit que je me suis demandé quel chrétien un peu instruit dans la Parole de Dieu peut le croire. Je suis très étonné par cette course permanente à faire la démonstration que la dime est une loi universelle sauf à envisager des raisons que nous verrons par la suite.

"La dime existait dans le jardin d’Éden. Le pre­mier commandement était une nuance de la dime" (M. Bishop). Le verset concerné par cette affirmation est bien sûr celui où Dieu dit à Adam de ne pas manger de l'arbre de la connaissance du bien et du mal. Voici son interpré­tation : "Cet arbre appartient à Dieu et à lui seul. L'homme est prévenu de ne pas le prendre. C'est exactement ce que la dime signifie en ce qu'elle appartient à Dieu. Dieu commande à Adam de ne pas en manger comme il nous commande d'apporter un dixième de notre revenu à sa maison." Tout dans cette interprétation est absolument faux mais aussi stupide. Si l'arbre est une dime ou même ou "nuance" (mot dans le texte) alors il n'y avait que dix arbres dans ce jardin ! En quoi Adam avait-il besoin de dimer la nourriture que Dieu lui fournissait tous les jours ? Il n'avait pas besoin de travailler pour se vêtir, il était nu, ni même pour manger, il lui suffisait de cueillir or la dime n'a jamais concerné les produits naturels récoltés.

Ils n'avaient pas de revenu pour garder et cultiver, non pas le jardin : ils devaient garder et cultiver leur âme vivante pour Dieu, le pronom est au féminin (la garder) et jardin est aussi masculin en hébreu (L'ordre et la perfection, p. 142). Avec cette interdiction, Dieu ne lui a pas dit non plus "tu m'offriras le dixième de tout ce que tu cueilleras" : ça n'a vraiment aucun sens ! Pourtant l'auteur poursuit en affirmant sans la moindre hésitation que la chute de l'homme est due au vol de la dime lorsqu'il a mangé de l'arbre défendu, déshonorant Dieu parce qu'ils n'ont pas respecté la dime. Je vous passe toutes ses interprétations personnelles concernant la scène où il écrit même que le diable aime à tordre la Parole de Dieu, ce qui est vrai, sans pour autant voir qu'il fait la même chose ! Dieu, notre père vient de créer Adam et lui donne une marque d'obéissance avec en prime, un loyer à payer sous prétexte qu'il est propriétaire de la Terre, car c'est bien de cela dont il est question ? C'est bien connu, tous les pères font ça avec leurs enfants quand ils arrivent au monde. Soyons sérieux, un peu d'humilité dans les interprétations, qui peut penser une chose pareille ? Arrêtez de tout spiritualiser et de compliquer la vie chrétienne. La dime est beaucoup plus simple et seulement pragmatique.

"Il y a des gens qui croient que les dimes ont com­mencé avec la loi de Moïse, mais ce n'est pas vrai." Cette phrase est extraite de l'étude d'un jeune pasteur sur la prospérité. Il y cite Genèse 2/2-3 pour affirmer qu'en fait, le septième jour, qualifié dans la Bible comme étant le jour du repos, correspond à la création de la dime. Avec cette affirmation invraisemblable, on a du mal à comprendre cette dime à un septième (1 jour sur sept) pour justifier une dime du dixième. Jamais la Torah n'enseigne une dime du temps car la dime est seulement reliée aux produits de la terre comme nous le verrons. Je vais de suite au devant de ceux qui opposeraient une dimension spirituelle de la dime en leur demandant de me fournir tous les versets, tous les commentaires et études dans la religion juive qui défendraient une thèse spirituelle de la dime au cours des siècles. Dès à présent notez plutôt que le septième jour est un des dix commandements, donc universel et pour toutes les époques, alors que la dime n'y est même pas citée ! Toujours sur l'origine des dimes, l'étude parle aussi des offrandes réciproques de Caïn et d'Abel en ces termes : "Abel a apporté les prémices de la terre comme preuve de sa fidélité."

Or le texte est sans ambiguïté, le mot n'est ni dime ni prémices mais offrande et les prémices ne sont pas la dime, il y a une différence fondamentale entre les deux que nous verrons plus loin. Ici encore il y a torsion du texte pour faire entrer la dime dans la dimension intemporelle et spirituelle d'une loi perpétuelle. Je trouve regrettable de forcer les interprétations pour maintenir une pratique pourtant temporaire qui ne s'est jamais appliqué à tout le peuple. Les pasteurs se contentent de suivre le mouvement séculaire du protestantisme et ce bien que Martin Luther, le père de la Réforme, considérait la dime comme étant une œuvre de la loi qui, selon Gala­tes 5/3 nous obligerait à pratiquer la loi toute entière surtout que la pratique actuelle est franchement très éloignée de ce que Dieu demande dans la loi de Moïse. Nous étudierons plus tard les offrandes de Caïn et Abel car ce récit très instructif ne concerne pas la dime.

Dans Matthieu 23/23 Jésus a une altercation avec les scribes et les pharisiens au sujet du fait qu'ils payaient la dime d'herbes aromatiques mais qu'ils ne pratiquaient pas la miséricorde, la justice et la fidélité. Jésus leur repro­chait alors de négliger des choses beaucoup plus importan­tes que cette dime des herbes, importantes parce qu'elles sont en rapport avec l'amour pour les frères et que la dime n'est qu'un acte religieux de la loi. Nombreux sont ceux qui citent ce passage pour montrer que Jésus lui-même nous dit de donner la dime : d'abord il ne dit pas cela mais com­pare un acte à une attitude de cœur puis, il est toujours dans l'Ancienne Alliance donc sous la loi. Si, de nos jours, les arguments pour justifier la loi de la dime sont basés sur l'interdit à manger du fruit de l'arbre de la connaissance et sur le repos de Dieu le septième jour, tout argument de­vient possible dans les églises pour justifier … (je vous laisse écrire tout ce que vous voulez pour avoir raison !)

Le livre "Biens, richesses et argent" consacre un chapitre entier à la dime avec toute une séduction d'interprétations très personnelles comme par exemple la dime due par les entreprises sur les bénéfices ou les investissements, ou le fait de la donner n'empêche pas toujours la malédiction de Malachie 3/8 en fonction de notre attitude ou de prôner une dime sur le salaire brut et non pas sur le net sans évo­quer toutes sortes d'incohérences. En effet le salaire brut est composé de taxes, d'assurances et de cotisations notamment pour la retraite. Donc donner une dime sur le brut revient à la donner sur des taxes qui ne seront jamais un revenu, sur des assurances que vous n'utiliserez sans doute jamais et surtout sur des cotisations qui deviendront vos revenus à la retraite, si vous y arrivez ! Mais pour aller jusqu'au bout de ce délire, n'oubliez pas que l'employeur verse aussi pour votre retraite donc vous devriez aussi payer une dime de la part patronale de votre retraite. Si vous êtes déjà retraité, vous donneriez alors une dime sur des taxes et des cotisations prélevées pour les autres c'est-à-dire qu'elles ne sont pas dans vos revenus. Enfin un chrétien qui donne sa dime sur le brut de son salaire toute sa vie, la payera donc une seconde fois quand il donnera la dime de sa retraite. Vous voyez, tout y est rendu complexe et essentiellement basé sur l'argent alors que la fonction de la dime n'a jamais été exprimée sous forme d'argent. Outre les remarques faites dans les exemples précédents au sujet de l'interprétation des versets phares et qui sont ici parfois différentes des auteurs précédents, les auteurs du livre utilisent le passage de Jérémie 6/16. N'est-il pas curieux que selon les auteurs, l'interprétation d'un même verset change alors qu'elle est censée venir de Dieu ?

Placez-vous sur les chemins, regardez et demandez quels sont les anciens sentiers, quelle est la bonne voie ; marchez-y et vous trouverez le repos de vos âmes.

Ce verset sert de base à un long développement qui une fois de plus fait passer la dime pour une loi comparable à la loi de la pesanteur : "Donner la dime est un Antique Sentier comme la pesanteur." Donc comme je suis soumis à la loi de la pesanteur et que je ne peux jamais l'enfreindre sans avoir de gros problèmes physiques, me soustraire à la dime aura des conséquences négatives toute ma vie. Pour­tant les auteurs écrivent que Dieu ne recherche pas notre argent, il n'en n'a pas besoin mais seulement la foi à dé­pendre de lui et non pas de nos finances, assertion pour laquelle je suis totalement d'accord. Mais alors la foi doit aussi être du côté du responsable qui doit s'attendre à Dieu pour financer l'église et ne pas se subordonner à un impôt qui annule la foi. Ce n'est pas "l'ancien sentier" d'une loi spirituelle. Si tel était le cas, je repose à nouveau la question : pourquoi cette loi ne figure pas dans les ordres données à Adam comme le sabbat et l'arbre de la connaissance ?

En réalité, toutes les pages écrites concernant la dime commencent toujours par une succession de versets qui, par des interprétations personnelles parfois des plus étranges, vise à créer le postulat que la dime est une loi spirituelle immuable, supérieure à tout ce qui fait notre relation avec Dieu et notamment notre foi car la dime, telle qu'elle est ordonnée dans la Torah, n'est pas un acte de foi mais d'obéissance au même titre que toutes les autres obligations de la loi. En effet, elle ne sera jamais en adéquation avec le verset de 2 Corinthiens 9/7 qui exhorte "que chacun donne comme il a résolu en son cœur, sans tristesse, ni contrainte car Dieu aime ceux qui donne avec joie." Enfin, bien que tous les auteurs soient capables d'écrire des dizaines de pages en faveur de cette pratique avec tant de détails et de leçons spirituelles, je suis frappé une fois encore, par le silence généralisé quant à la façon dont la dime devait être apportée, quant aux produits qui y étaient soumis et quant aux personnes et aux terres con­cernées. Si vous êtes si attaché à conserver la dime vous devriez respecter aussi les directives de Dieu ou, après avoir lu cette étude, admettre que vous vous êtes trompé mais, ça c'est difficile pour des responsables qui ont ensei­gné avec zèle sa pratique !

 

3. Un lien inattendu


Pour conclure cette première partie, j’interpellerai ceux qui, se basant sur la rencontre entre Melchisédek et Abram enseignent que la dime entre dans l'Alliance que Dieu fit avec son peuple en parlant d’une alliance financière. Cette affirmation donne vraiment beaucoup de place à la dime en l'élevant au même niveau que le sacrifice de Jésus. Il n’y a qu’une seule Alliance entre Dieu et les hommes, celle des dix commandements et ses développements tout au long de l’enseignement biblique qui répondent à des lois spiri­tuelles universelles. Il n’y a pas plus d’alliance financière, c’est-à-dire un contrat spécifique entre Dieu et nos dons par l’offrande ou la dime pour recevoir des finances qu’il n’y a d’alliance physique pour rester en bonne santé en respectant à la lettre ce que sous-entend une alliance financière, c’est-à-dire en faisant toujours un bon usage de nos corps par une bonne alimentation et hygiène de vie, pas plus qu’il n’y a d’alliance propre quant à l’utilisation de nos capacités, de nos compétences ou du temps que l’on consacre à Dieu dans le cadre de toutes nos activités : la bénédiction n’est pas corrélée à mon temps de prière ou de louange comme elle n’est pas corrélée à l’emploi de mes talents ou à ma bonne hygiène de vie ou à la dime.

Je crois que, dans tous ces cas, beaucoup de chrétiens seraient exclus des bénédictions de Dieu si l’Alliance était à ce point segmentée. Seule la loi du semer pour récolter est en vigueur dans ces domaines et contrairement à ce qui peut être enseigné çà et là, Dieu n’a pas forcément besoin qu’on sème de l’argent pour récolter de l’argent, il peut transformer le temps que nous consacrons aux autres en argent ou l'argent que nous donnons en bonne santé, etc. (ne dit-on pas que le temps c’est de l’argent ?). De plus, dans le naturel, semer et récolter demandent beaucoup de travail et de temps avant et après et la dime n’a jamais été une semence, seules les offrandes (ou aumônes) le sont. Je le répète, l’Alliance est une et indivisible, elle est affaire d’amour et de cœur. Dieu compte tout ce que nous faisons et donnons d’une manière globale. L’argent, nos capacités, notre corps et notre temps seront tantôt des semences tantôt des outils selon les situations or on ne sème pas un outil. Lisez cette étude jusqu’au bout et si l’argent est aussi un outil pour l’église, vous verrez non seulement que la dime n’est pas le moyen le plus légitime aujourd’hui et le plus efficace par rapport à nos capacités actuelles à financer l’église.

D’ailleurs, j'ai eu beau cherché, les mots "dime" et "alliance" ne sont jamais unis dans un même verset ni même dans une suite de versets qui démontreraient d'une relation entre les deux. La première alliance est celle faite avec Noé et là, rien ne se rapporte à la dime : si cette dernière était universelle, pourquoi la Bible ne nous dit pas que Noé payait une dime ? A qui la payait-il est une autre affaire ! Donc on en arrive à Abram, quand en Genèse 14/18 "Mel­chisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin : il était sacrificateur du Dieu Très-Haut. … Et Abram lui donna la dime de tout." Nous verrons dans la deuxième partie ce que donne Abram mais venons-en à l'Alliance avec Dieu :

C'est ici mon alliance, que vous garderez entre moi et vous et ta postérité après toi : tout mâle parmi vous sera circoncis. Vous vous circoncirez et ce sera un signe d'alliance entre vous et moi (Genèse 17/10-11)

Au verset 23, il nous est dit qu'Abraham "prit Ismaël son fils, … tous les mâles parmi les gens de la maison d'Abra­ham et il les circoncit ce même jour, selon l'ordre que Dieu lui avait donné." Dieu ne lui a pas dit de dire à tous les gens de sa maison que dorénavant ils devront donner une dime pour activer l'alliance. Notez que les égyptiens et les phéni­ciens pratiquaient la circoncision bien avant Abraham ! Le verset suivant (Actes 7/8) est le témoignage qu’Étienne rend de cette alliance sans évoquer la dime. Rien, pas un mot nous dit que la dime est dans cette alliance et pour cause, mais nous le verrons plus tard : "Puis Dieu donna à Abraham l'alliance de la circoncision." Plus aucune trace de dime non plus par la suite dans toute la vie d'Isaac. D'ailleurs on ne nous parle plus de Melchisédek : à qui Abraham et Isaac étaient-ils censés verser une dime régu­lière ? Donc nous arrivons à Jacob qui promet de verser une dime sous diverses conditions (Genèse 28/22) et dont la Bible ne nous dit absolument rien lorsque les conditions furent réunies plus de vingt ans après, période où il ne versa d'ailleurs aucune dime.

Bref on ne sait pas du tout si Jacob a payé une dime régulière et surtout, à qui ? Pour résumer, jusqu'à Moïse, l'Alliance entre la descendance d'Abraham par Isaac et Dieu était : la circoncision contre la terre de Canaan, ce qui est rappelé à Moïse plusieurs fois dans l'Exode. La rencontre entre le peuple et Dieu se conclut à Horeb par les dix commandements qui s'ajoutent à la circoncision, c'est l'Ancienne Alliance. Comme dit plus haut, le jour du repos fait partie de l'alliance et sera même repris plusieurs fois comme partie intégrante de l'alliance avec moultes détails (Exode 34) mais toujours pas la dime. En revanche les prémices de certains produits agricoles font partie de l'alliance avec la façon de les présenter à Dieu comme nous le verrons mais les prémices ne sont pas un synonyme de la dime ! Le livre du Deutéronome con­firme que l'Alliance faite dans la Torah en ce qui concerne les devoirs du peuple, se limite aux dix commandements et il est même précisé "sans rien ajouter" ce qui signifie pour moi que les 613 ordonnances, préceptes (ou peu importe comment vous les appelez), présents dans le Pentateuque n'ont jamais fait partie de l'Ancienne Alliance alors pour quoi le deviendraient-ils dans la Nouvelle ?

Il publia son alliance qu'il vous ordonna d'observer, les dix commandements. (Deutéronome 2/13)

L’Éternel, notre Dieu, a traité avec nous une alliance à Horeb. … Il dit : (énumération des 10 commandements) … Telles sont les paroles que prononça l’Éternel à haute voix sur la montagne … sans rien ajouter. Il les écrivit sur deux tables de pierre qu'il me donna. (Deutéronome 5/2, 5 et 22)

Enfin, nous en arrivons à la Nouvelle Alliance qui remplace donc l'Ancienne qui n'avait déjà aucune référence à la dime. La Bible nous dit que cette alliance est meilleure que la précédente (Hébreux 7/22 et 8/6) puisqu'elle est instau­rée par Jésus lors de la dernière pâque et ce qu'on appelle désormais la Sainte Cène basée sur le sang de Jésus :

Jésus prit de même la coupe, après souper et la leur donna en disant : cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang qui est répandu pour vous. (Luc 22/20)

Selon la Pâque juive, il existe plusieurs coupes lors de ce repas et la coupe que Jésus prend est la coupe des béné­dictions (en savoir plus). L'auteur du livre des Hébreux nous détaille avec précision l'Ancienne Alliance et notam­ment ce que contenait l'Arche de l'Alliance mais une fois encore aucune trace de la dime dans cette Alliance :

Il y avait dans l'arche un vase d'or contenant la manne, la verge d'Aaron qui avait fleuri et les tables de l'Alliance. (Luc 22/20)

Dans aucunes de ses lettres, Paul n'enseigne les païens devenus chrétiens à verser une quelconque dime qu'ils ne connaissaient pas. Il n'est même plus question non plus de prémices au sens agricole mais juste dans un sens pure­ment abstrait. Donc à part tordre tel ou tel verset par une interprétation personnelle pour y voir une subtile relation entre les différentes Alliance et la dime, cette hypothèse ne correspond vraiment pas à ce que la Bible et l'histoire nous enseigne quant à la pratique de la dime sous la loi de Moïse. Justement étudions maintenant de quoi il s'agit.

A suivre : Partie 2, dime et prémices selon la Bible