Que de contresens et d'hérésies la religion catholique a introduits au fil des siècles dans l'emploi de ces mots au point qu'ils sont désormais très éloignés de leur signification originelle biblique. En fait, ces verbes et leurs substantifs (bénédiction et malédiction) sont l'exemple flagrant de ce changement sémantique qui introduit cette étude. Il est impossible de savoir comment c'est opérer ce changement puisqu'ils sont employés dans le langage religieux avec leurs sens actuels depuis le XIe siècle. Si leur origine latine saute aux yeux (benedicere), le passage de sa traduction (dire du bien, louer) vers ses emplois actuels semble obscur même si j'y crois voir l'influence de l'arabe à travers la religion islamique, langue sémite elle-même issue de l'araméen et de l'hébreu ancien (voir plus loin). Il n'y a pas de problème à attribuer à ces mots les différentes définitions en vigueur de nos jours suite aux évolutions de la langue mais aucune ne traduit l'hébreu.
En résumé, les définitions actuelles de bénir sont les suivantes mais aucune ne correspond à son emploi biblique, les deux premières n'en étant qu'un simulacre et les autres n'étant que des abus de langage car bénir ne leur est pas synonyme, l'usage en ayant galvaudé sa signification :
En aparté, pour ceux qui ont assisté à une messe d'enterrement dans l'église catholique, essayez donc de mettre une de ces définitions à l'action du prêtre qui demande à Dieu de bénir le corps du défunt en manipulant un encensoir pour symboliser sa prière montant à Dieu alors que le corps est appelé à la corruption définitive ? Qu'est-ce que Dieu est censé faire sur ce corps ? De même, qu'est-ce qu'il est censé faire sur la foule quand un prélat trace un signe de croix avec la main dans l'air en disant "que Dieu vous bénisse" ? Voilà à quelles inepties et tromperies la religion conduit ceux qui suivent des traditions au lieu de lire la Bible afin de se libérer des fausses doctrines, car la bénédiction est un échange, un contrat d'obéissance. Mais pour cela, revenons à la signification du mot hébreu barakh employé dans la Bible. Il véhicule davantage l'idée de soumission par sa racine bérékh qui signifie le genou et qui en arabe correspond au mot baraka qui signifie d'abord s'agenouiller si bien que c'est aussi le terme employé pour faire plier un dromadaire pour le monter donnant en français le verbe baraquer.
Par dérivation religieuse, sur l'idée de prosternation, il passe à bénédiction, faveur du ciel puis plus globalement à chance dans le sens de protection divine. Bénir Dieu est l'attitude intérieure plus qu'extérieure (Dieu regarde d'abord au cœur) de l'homme agenouillé, attitude de cœur qui correspond alors à l'adoration (voir Adorer). Bénir Dieu, c'est donc le révérer, lui être soumis, lui obéir et en retour Dieu nous bénit c'est à dire qu'en récompense à notre attitude de cœur il nous favorise en répondant à nos désirs souvent au-delà de nos attentes ; implicitement cela sous-entend la protection contre tout ce qui peut nous nuire incluant les mauvaises actions que d'autres personnes fomentent contre nous sans se rendre compte qu'en se laissant aller aux inspirations du diable, ils attirent sur eux la colère de Dieu. C'est le sens du verset ci-dessous ou Dieu fait alliance avec Abraham et dans lequel il suffit de remplacer le verbe bénir par élever ou favoriser :
Je bénirai ceux qui te béniront et je maudirai ceux qui te maudiront et toutes les familles de la terre seront bénies en toi. Genèse 12/3
Si dans votre vie, il vous arrive des situations désagréables voire de sérieux problèmes, vous feriez bien aussi de chercher un peu plus du côté de votre langue et de tout ce que vous faite de mal contre tous eux que vous côtoyer plutôt que de vous en prendre à Dieu. Tôt ou tard, tout ce que vous faites de mauvais aux autres se reportera sur vous ou vos proches car :
Dieu ne tient point le coupable pour innocent et il punit l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et quatrième génération. Nombres 14/18
Ainsi, ma soumission et mon obéissance à la loi de Dieu et non pas à des règles religieuses, attirera la bonté et la bienveillance de Dieu sur vous comme un aimant le fer ! Alors, être béni de Dieu fini par se manifester aux yeux des hommes parce que Dieu nous élève en renommée, il donne du poids à notre influence (sens d'être glorifié) et nous devenons plus important dans notre cercle d'influence familiale et sociale. C'est ainsi qu'il faut comprendre la bénédiction. Pourtant elle commence par toutes sortes d'épreuves à l'exemple de Joseph ou de David, épreuves grâce auxquelles Dieu veut savoir à qui il a affaire, en appréciant notre fidélité et notre persévérance pour aboutir à nous élever, l'un comme ministre, bras droit de Pharaon, l'autre comme roi, consécration ultime. Pendant les épreuves personne ne voit que Dieu élevait la renommée de Joseph ou de David, au contraire, l'un était en prison et l'autre fuyait le roi Saül qui voulait le tuer. Seul l'entourage, nous dit la Bible, remarquait qu'ils étaient ponctuellement favorisés, aidés par quelques encouragements et pourtant peu de choses en regard de l'avenir auquel Dieu les destinait. Pour nous c'est pareil, il faut donc s'accrocher.
Pour terminer et sur le même modèle, qalal, ne signifie pas en hébreu dire du mal et donc maudire mais "devenir léger" c'est à dire ne pas donner de poids, ne pas donner d'importance à la personne, la retrancher des faveurs que Dieu prodigue. Bref, Dieu n'aide pas la personne qui ne veut pas se soumettre à sa seigneurie en faisant sa propre volonté au lieu d'écouter ce que Dieu préconise pour lui éviter des problèmes ou bien celle qui, comme nous l'avons vu, jalouse ceux que Dieu favorise !