Voilà un groupe de verbes abondamment utilisés dans le langage chrétien et qui méritent toute notre attention car, je serai tenté de dire, qu'ils fonctionnent sémantiquement de la même manière. Observez bien la définition principale de chacun des verbes suivants auxquels on pourrait ajouter le verbe exalter pour remarquer notamment que chacun a une définition qui fait référence aux autres avec des nuances subtilesd'intensité mais dont on perçoit mal les limites quand ce ne sont pas des définitions circulaires. Tous sont des verbes transitifs c'est-à-dire que l'action passe du sujet sur quelque chose ou quelqu'un, en l'occurrence dans l'église, sur Dieu (je te loue) mais aussi en détaillant le pourquoi (je te loue pour ma guérison).
Glorifier, c'est déclarer, proclamer la renommée, la bonne réputation de quelqu'un. Le mot hébreu que l'on retrouve notamment dans un des commandements "glorifie ton père et ta mère ..." est kabod (prononcez kavod) avec glorifier plutôt qu'honorer. Si on se réfère à l'usage actuel, ces deux verbes ne sont pas interchangeables puisqu'il est possible de percevoir une différence suffisamment importante pour les séparer. Glorifier est une façon d'être qui exalte et célèbre une personne de façon permanente, en l'occurrence ici ses parents alors qu'honorer est d'abord une manifestation directe de respect ou d'estime qu'on porte à une personne même ponctuellement pour une raison quelconque. C’est aussi la manifestation indirecte qui, par un témoignage de reconnaissance ou une attitude louable, génère un sentiment de fierté pour les personnes de notre entourage.
Le sens du mot "kabod" fait davantage référence au poids que représente la personne, son importance, son autorité mais aussi sa puissance, sa surabondance, sa richesse plus qu'à ses mérites éventuels. Il implique non seulement le respect et l'estime mais aussi de la reconnaissance et de l'obéissance. On glorifie une personne en l'honorant pour avoir fait de nous ce que l'on est et parce qu'on témoigne que c'est, au moins en partie, grâce à elle (évidemment tant qu'elle en est digne). On glorifie Dieu parce qu'on a autorité, puissance, richesse, abondance, espérance, etc. en témoignant qu'il en est la source et digne de reconnaissance : ce n'est pas ponctuel mais bien pour toute notre vie. La gloire n'est pas une vague fumée mystique !
Le sens premier de louer est faire l'éloge de, exalter, célébrer les mérites de quelqu'un, que l'on en précise ou non la raison alors que louanger, qui quasiment n'est jamais employé, est juste l'action de louer (principalement Dieu), la louange étant aujourd'hui le témoignage de notre admiration. En considérant les définitions des mots bénir, glorifier, ou louer d'une manière globale, on constate que lorsqu'on emploie chacun d'eux dans notre relation avec Dieu ils deviennent tous, à des degrés différents, des synonymes de remercier. Lorsque nous disons "je te loue pour ceci ou cela" ou "je te bénis" ou "je te glorifie" en fait, nous disons souvent "je te remercie" ; les actions de louer, de glorifier et de bénir seraient de dire précisément ce que Dieu a fait de concret afin de proclamer sa renommée, ses mérites, son autorité aux yeux de tous ceux qui nous entendent. C'est aussi ce que nous appelons témoigner de tout ce qu'il fait pour nous. C'est vanter à tout le monde ce qu'il est et ce qu'il fait afin d'étonner l'auditeur, de lui donner envie de le connaître, afin de lui montrer que tout dans sa vie devient possible et que Dieu est véritablement la source de nos bénédictions.
En général lorsqu'on clame un "gloire à Dieu" cela fait suite à un témoignage précis de son action dans notre vie. Ainsi, glorifier Dieu c'est démontrer dans notre vie quotidienne que nous sommes prospères, que nous avons de l'autorité sur nos circonstances, de l'assurance dans nos décisions, de l'importance pour notre entourage et que tout cela vient de la grâce de Dieu sur notre vie. Les chants de célébration et d'adoration dans l'église manifestent cette joie agréable devant Dieu. Ils sont alors la manifestation collective de chaque louange individuelle exprimée en reconnaissance de la grâce de Dieu dans la vie de chacun comme au temps où le peuple se réjouissait à Jérusalem des bénédictions de Dieu. Il y a toujours au moins une bonne raison de louer Dieu : notre salut acquis à la croix ! Enfin, glorifier Dieu avec nos entreprises c'est montrer aux païens qu'elles fonctionnent très bien avec les principes du Royaume.
Je vous rappelle que nous travaillons sur la signification réelles des mots afin d'améliorer la compréhension de nos rapports avec Dieu et que bien entendu cela ne change rien à la relation personnelle que vous avez nouée avec lui dans vos moments de communion car ces moments se passent avant tout dans l'esprit. Mais il serait bon de ne plus utiliser mécaniquement ces mots comme des substituts de remercier pour au contraire les vivre comme des verbes d'action afin que, lors de nos moments de communion, notre louange soit véritablement le fait de témoigner de notre reconnaissance pour ce que Dieu fait dans notre vie, participant ainsi à l'accroissement de sa renommée pour encourager nos frères dans cette démonstration d'esprit et de puissance pour le monde. Quand David loue dans les psaumes, il raconte vraiment les exploits de Dieu : c'est cela qui élève Dieu à nos yeux et nous encourage à croire que s'il l'a fait pour David il le fera aussi pour nous. C'est précisément le premier but de notre création et autrement dit, cela doit se voir en dehors de l'église, que ce soit individuellement ou collectivement.
C'est en lui (Jésus) que nous avons été choisis aussi pour héritage, étant prédestinés selon le plan préétabli ... pour être à la louange de sa gloire ... Éphésiens 1/11-12 version Chouraqui
Pour être le plus complet possible, je voudrais attirer votre attention sur le lien de dépendance très étroit qui existe entre l’amour et la louange si bien qu’il peut être considéré comme une loi spirituelle majeure. L’expression de cette loi commence par le verset le plus détesté de la gente féminine tout simplement parce qu’il est perçu par notre siècle comme la persistance injustifiée d’une autorité patriarcale sans rapport avec l’amour alors qu’il est le garant d’une protection spirituelle selon l’ordre de Dieu :
Femmes, soyez soumises à vos maris, comme au Seigneur car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l'Église, qui est son corps et dont il est le Sauveur. Or, de même que l'Église est soumise à Christ, les femmes aussi doivent l'être à leurs maris en toutes choses. Maris, aimez vos femmes, comme Christ a aimé l'Église, et s'est livré lui-même pour elle … Éphésiens 6/22-25
Ce n’est pas un conseil mais un ordre que l’apôtre donne ici aux femmes en leur demandant d’être soumises à leur mari en contrepartie de l’ordre donné aux maris d’aimer leurs femmes à la manière parfaite de Christ. Ce n’est pas par hasard si Dieu compare l’Église à l’épouse de Christ comme il a comparé successivement Jésus à un agneau sans défaut puis à un lion, comme il nous parle des noces de Jésus avec son Église, comme il nous dit de Jésus qu’il est son fils unique, comme il emploie dans toute la Bible diverses images par lesquelles nous pouvons ressentir les sentiments que Dieu exprime. De la même manière que la femme a été créée pour être une aide semblable à l’homme (Genèse 2/18), l’épouse de Christ est une aide semblable à lui et participe à la nature divine par sa fonction. Dieu nous a aimé en Jésus-Christ et la puissance de son amour (voir la page La puissance de l’Amour) se manifeste envers son épouse, l’Église de Jésus-Christ, par le soin que Dieu lui prodigue au travers de sa grâce et de sa faveur exprimées dans la Bénédiction pour chacun de ses enfants en réponse à leurs louanges et à leur soumission à sa Parole, Jésus, l’Époux. Par d’autres mots et à tous les niveaux spirituels des relations (mari-femme, disciple-maître, Église-Dieu) la réponse à l’amour est la louange, l’admiration, la reconnaissance et la réponse à la louange est l’amour parfait décrit en 1 Corinthiens 13, l’amour qui permet à Dieu de libérer la puissance de ses bénédictions dans nos vies qui vont à leur tour amener d’autres louanges qui affermiront davantage le trône de Dieu dans notre vie, dans notre maison.
Dans le Psaume 18, David donne poétiquement un condensé de ce principe par le fameux verset 4 "Je m’écris : loué soit l’Éternel et je suis délivré de mes ennemis". Or quand il parle d’ennemis il ne parle pas seulement de personnes physiques ou d’une nation mais ce terme englobe absolument tout ce qui vient contre nous pour nous nuire, incluant donc la maladie, les attaques contre notre âme, bref un sens large. C’est sur ce principe que Lucifer a détourné la louange due à Dieu pour son profit afin de voler, s’il en était possible, la puissance de Dieu contenu dans l’Amour sauf que l’Amour étant la nature même de Dieu il ne pouvait pas l’en déposséder et se l’approprier puisqu’il était lui-même créé au bénéfice de cet amour : il est alors devenu Satan et tous les anges qui étaient sous ses ordres des démons, tous dépourvus de l’Amour de Dieu qui étaient la raison de leur existence tant qu’ils le louaient. C’est alors la haine qui les anime notamment envers l’Église suscitée pour aimer et louer Dieu.
Car l'amour est de Dieu et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu car Dieu est amour. 1 Jean 4/7-8