Afin que l'homme puisse comprendre ou au moins appréhender les réalités du Royaume des cieux, Dieu ne peut nous parler que par des images, des comparaisons avec ce que nous connaissons et observons sur terre. D'ailleurs, dans la Bible, nous lisons divers témoignages des choses que Dieu a montrées aux prophètes enlevés dans l'esprit et qu'ils nous ont rapportées en les comparant aux réalités du monde physique . Ceci étant, avec cette conjonction de subordination, ce n'est pas à proprement parlé un problème de traduction ou de définition qui varierait avec le temps mais plutôt la confusion qui est souvent faite entre les deux parties de la comparaison. L'erreur est double quand elle se trompe sur la source de la comparaison tout en l'assimilant à une synonymie. Vous comprendrez mieux en passant au crible quelques versets célèbres qui ont généré des erreurs de compréhension du monde spirituel et passées totalement inaperçues jusqu'à aujourd'hui. Vous verrez même, avec ce premier exemple, qu'en tirant le fil sémantique de certains mots chargés de significations symboliques parfois multiples, Dieu nous révèle dans sa Parole des choses cachées qu'il est de notre devoir de chercher et de découvrir car elles contribuent à la connaissance du mystère de la Trinité.
Exemple 1 : Une colombe
… pendant qu'il priait, le ciel s'ouvrit et le Saint Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Luc 3/22
J'ai volontairement rapporté les trois versions qui relatent le baptême du Saint Esprit de Jésus puisque les trois sont unanimes dans le récit de cet épisode. En effet, aucun ne dit que le Saint Esprit était une colombe ou ressemblait à une colombe mais qu'il est descendu du ciel sur Jésus à la manière d'une colombe, ce que relève A. Chouraqui dans sa traduction. Pourtant, depuis ce récit, l'église représente invariablement le Saint Esprit par une colombe, le plus souvent blanche afin d'accentuer la symbolique de la pureté que l'on attribue à cet oiseau, la forme blanche n'étant qu'un produit récent de la domestication. A aucun endroit la Bible nous dit par quelle forme physique animale le Saint Esprit peut être représenté comme c'est clairement le cas pour Jésus, d'abord en un agneau innocent puis en un lion puissant qui dominera sur tout. Quand le Saint Esprit est descendu sur Jésus les observateurs ont tous pensé à une palombe car la chose arrivait du ciel. Ils ne pouvaient savoir de quoi il s’agissait mais quand ils l’ont vu venir et s’arrêter (verbes employés) sur Jésus ils ont bien vu que ce n’était pas un pigeon sinon l’Écriture l’aurait rapporté. C'était surnaturel. Ce qui est décrit comme étant le vol d’une colombe fait davantage référence au vol particulier des palombes qui parfois descendent à grande vitesse en zigzagant au contraire d'un vol stationnaire comme on a coutume de le représenter. D’ailleurs, aucun pigeon, colombe ou tourterelle ne pratique le vol stationnaire. Il est l’apanage de divers rapaces (chouette, faucon), de certains oiseaux marins ou des colibris par exemple.
En français, toutes les traductions utilisent le mot colombe absent en hébreu qui a un mot unique, yonah pour traduire à la fois pigeon et colombe. Le mot colombe est la transcription du mot latin columba qui désigne le pigeon, le mot turtur désignant la tourterelle, yonati en hébreu que l'on retrouve avec le pigeon dans les animaux autorisés pour les sacrifices. Le mot colombe a d'abord été utilisé en français dans le langage poétique d'où son emploi dans les traductions de la Bible qui trouve son apogée dans le Cantique des cantiques, notamment par la source latine (columba) des premières traductions en français. Sur le plan strictement naturaliste, le mot pigeon désigne des oiseaux de taille plus grande que les tourterelles et désormais le mot colombe celui d'oiseaux plus petits ou colorés de la famille des Columbidés.
Or en Israël, il n'y a que des pigeons et des tourterelles à l'état sauvage et au temps de la Bible, la notion d'espèces n'avait pas le détail qu'on lui donne aujourd'hui si bien que les trois espèces de pigeons présentes portaient le nom générique de pigeon sans distinction. Par ailleurs, dans de nombreuses langues pigeon et tourterelle sont associés à une couleur, respectivement bleu et gris. Enfin c'est par leurs comportements lors de la parade nuptiale que les hommes ont rapidement vu chez ces oiseaux, des similitudes avec les pratiques de la séduction amoureuse entre un homme et une femme comme les caresses du cou avec le bec dans le couple en formation et surtout l'offrande de nourriture du mâle que la femelle va chercher dans son jabot image du baiser. En revanche, je ne sais pas pourquoi les hommes ont pris la colombe comme symbole de la paix car les mâles puis les couples sont assez belliqueux envers leurs congénères en périodes de reproduction. Sur ces précisions, examinons maintenant les versets qui contiennent le mot colombe donc en hébreu pigeon dans le Cantique des cantiques.
Que tu es belle mon amie, que tu es belle ! Tes yeux sont des colombes. (1/15 repris en 4/1, version Louis Second)
Selon vous que signifie tes yeux sont des colombes ? Même avec toute la poésie, cela ne veut rien dire car on ne peut pas imaginer des yeux qui ressembleraient à des pigeons comme dans la version de la Bible du semeur ci-dessous et encore moins qu'ils sont des pigeons.
Que tu es belle ma bien-aimée, que tu es belle ! Tes yeux ressemblent à des colombes. (1/15 repris en 4/1)
Il y a donc bien une erreur de traduction. Et en effet, on comprend mieux l'effet poétique si on se rapporte à la couleur de fond des pigeons qui est le bleu. Le verset nous parle des yeux bleus de la fiancée et la traduction d'A. Chouraqui est meilleure : Te voici belle, ma compagne, te voici belle aux yeux palombes. Toutefois la palombe ou pigeon ramier n'est qu'une des trois espèces et est arboricole alors que le texte, dans un autre passage emploie le mot colombe en faisant référence aux mœurs d'une autre espèce, le pigeon biset qui est rupicole (qui vit dans les rochers) et niche dans des fentes des rochers :
Ma colombe qui te tiens dans les fentes des rochers, qui te cache dans les parois escarpées, fais-moi voir ta figure, fais-moi entendre ta voix. (Cantique 2/11)
Voici donc la preuve du terme générique du mot pigeon et de la mauvaise traduction de nos bibles en matière de description de l'épouse. Cette épouse est Israël et l'Église, symbolisée par cette belle colombe que Dieu appelle en l'exhortant de ne pas se cacher. On retrouve le symbole de la colombe concernant Ephraïm dans le livre d'Osée où Segond la qualifie de stupide au lieu de naïve ou séduite comme dans d'autres versions qui sont plus proches du sens d'une église trompée par le diable. Bref cela me fait poser cette question : croyez-vous que Dieu manque d'imagination au point d'utiliser le même symbole de la colombe pour désigner à la fois son peuple et le Saint Esprit ? Non bien sûr ! Donc la colombe n'est pas le symbole du Saint Esprit puisque nous avons vu que celui-ci est né d'une mauvaise interprétation de sa manifestation lors du baptême de Jésus. Quel dommage ! D'ailleurs la suite nous parle encore d'un autre symbole pour le Saint Esprit : deux pour le prix d'un !
Exemple 2 : Un vent impétueux
Tout à coup, un grand bruit survint du ciel : c'était comme si un violent coup de vent s'abattait sur eux et remplissait toute la maison où ils se trouvaient assis. Au même moment ils virent apparaître des sortes de langues qui ressemblaient à des flammèches … (version du Semeur)
Même la version du Semeur, malgré l'amplification de la traduction, est comparable aux deux autres quant aux conclusions que nous pouvons en tirer sur ce qui s'est réellement passé. Comme dans l'exemple précédent sur les colombes, les mauvaises cibles attribuées à la conjonction comme ou à ses synonymes tel qu'ici semblables et ressemblaient ont laissé croire que le Saint Esprit se manifestait par un vent violent et des langues de feu. Or ce n'était pas un vent violent qui a rempli la pièce où se tenaient les disciples mais le bruit qui venait du ciel et ce n'était pas non plus des langues de feu mais seulement quelque chose de ressemblant. Tout est bien sûr possible à Dieu mais d'une part, un vent violent dans une pièce close aurait fait des dégâts et les disciples n'y seraient sans doute pas resté et d'autre part le texte l'aurait rapporté sans utiliser les mots comme ou semblables du genre :
Tout à coup, ils entendirent un bruit venu du ciel et il vint un vent violent qui remplit toute la maison où ils étaient assis. Des langues de feu leur apparurent …
Mais le texte original n'est pas celui-là et il ne permet pas d'associer le Saint Esprit à un vent violent ou des flammes de feu le jour de la Pentecôte car le Saint Esprit n'a pas été envoyé pour juger le monde, jugement symbolisé par le feu, mais pour le convaincre de péché, de justice et de jugement (Jean 16/8), le feu du jugement viendra après. Ici il ne s'agit pas de ce feu destructeur mais à la fois du feu purificateur qui nous sanctifie par le baptême du Saint Esprit et du feu qui plutôt représente le zèle pour la bonne nouvelle du Royaume de Dieu par l'onction que chacun reçoit dans un domaine particulier pour accomplir sa vocation dans le corps de Christ. Je n'ai pas trouvé un seul verset où le Saint Esprit est associé à un vent violent, par contre l'Écriture nous dit que Dieu parle dans le calme :
Et voici l'Éternel passa. Et devant l'Éternel il y eut un vent fort et violent qui déchirait les montagnes et brisait les rochers ; l'Éternel n'était pas dans le vent. Et après le vent ce fut un tremblement de terre ; l'Éternel n'était pas dans le tremblement de terre. Et après le tremblement de terre, un feu : l'Éternel n'était pas dans le feu. Et après le feu, un murmure doux et léger. Quand Élie l'entendit, il s'enveloppa le visage de son manteau, il sortit et se tint à l'entrée de la caverne. Et voici, une voix lui fit entendre ces paroles … (1 Rois 19/11-13)
Exemple 3 : Mille ans
… c'est que devant le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour. 2 Pierre 3/8
Ici, je veux juste attirer votre attention sur le fait que cette double comparaison ne vaut pas synonymie c'est-à-dire qu'il ne s'agit pas d'une égalité mathématique ni même, à mon avis, d'un ordre de grandeur qui n'aurait en réalité aucun sens mais seulement d'une figure de style pour comparer notre perception du temps terrestre avec la réalité de Dieu et un éventuel ou hypothétique temps céleste. Cette remarque est importante car combien de fois les chrétiens se lancent-ils dans des calculs précis pour dater le retour de Jésus ou chercher à faire correspondre la création avec les spéculations scientifiques basées sur de simplistes extrapolations erronées ? Si on met d'autres versets de la Bible en perspective de la proportion citée par l'apôtre Pierre, il aurait très bien pu comparer un jour à 10 000 et même 100 000 ans comme on peut le lire dans les versets suivants qui ne laissent aucun doute quant à la capacité de Dieu à faire des choses que l'on suppose avoir pris des siècles ou même des millions d'années :
Vous qui ne savez pas ce qui arrivera demain car qu'est-ce que votre vie ? Vous êtes une vapeur qui parait pour un peu de temps et qui ensuite disparait. Jacques 4/14
La Bible nous dit que Dieu a fixé la vie des hommes sur terre à 70-80 ans ; cela est effectivement ce qu'on observe statistiquement au moins dans nos sociétés occidentales où la médecine et notre hygiène de vie permettent même d'aller au-delà de ce seuil. Or, au regard de l'Éternité, Dieu nous dit que notre vie n'est qu'un souffle, une vapeur, un espace de temps si fugace que personne ne peut rien faire et pourtant, dans cette relativité, regardez tout ce que Dieu fait dans la vie de chacun. C'est exactement ce que signifie le verset de Pierre. Ce dernier ne dit pas "pour Dieu" mais "devant Dieu" signifiant que le temps lui est extérieur, il est devant lui tel un objet quelconque de sa création. Alors, la première partie "un jour est comme mille ans" nous parle de tout ce que Dieu peut faire en une seule journée ou dans une seule vie et la seconde partie "mille ans sont comme un jour" nous parle de sa perception de notre temps terrestre.
Alors, bien que j'ai dit plus haut qu'il était, sinon stupide au mieux inutile de se lancer dans des calculs de correspondance entre un jour et mille ans pour évaluer les temps passés, je vais quand même le faire pour montrer à tous les hypnotisés des certitudes pseudo-scientifiques qu'ils feraient mieux de regarder vers leur éternité plutôt que vers ces théories qui les éloignent de Dieu car leur vie est un instant très très court et unique : il n'y aura pas de seconde chance ! Sur la base des versets précédents, supposons que le temps d'un souffle terrestre soit égal à une minute et que la vie d'un homme soit de 70 ans, une journée étant égale à 1440 minutes, cela correspond devant Dieu (et non pas pour Dieu) à environ cent mille ans (exactement 70 x 1440 = 100 800). Maintenant si la vapeur n'est qu'une seconde cela nous amène à plus de six millions d'années pour une journée et 250 jours pour couvrir les prétendus quinze milliards d'années de l'Univers. Vous voyez, au-delà de cet exemple spéculatif sans valeur scientifique mais d'une haute importance pour votre vie si vous lui donniez la valeur spirituelle qu'il veut vous transmettre, toutes nos observations sont très relatives et seulement apparentes. Seule la Vérité de Dieu peut changer votre vie pour le reste de votre éternité. Ne ratez donc pas les opportunités que Dieu place sur votre route pour rendre la vapeur de votre vie conforme à ce qu'il demande pour entrer dans son royaume.