AU SOMMAIRE DE CE THÈME | |
N'achetez plus de serpillières
|
N'achetez plus de serpillières
Observez l'étonnante parabole de Luc 16/1-9 dans laquelle Jésus fait l'éloge d'un employé gestionnaire des biens d'un homme riche alors qu'il est pourtant accusé d'escroquerie et qui se conclut ainsi :
Le maître loua l'économe infidèle de ce qu'il avait agi prudemment car les enfants de ce siècle sont plus prudents à l'égard de leurs semblables que ne le sont les enfants de lumière. Et moi je vous dis : faites-vous des amis avec les richesses injustes pour qu'ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels quand vous viendrez à manquer. (Luc 16/8-9)
En toute honnêteté lecteur qui écoute nombre de prédicateurs, combien de fois as-tu entendu enseigner sur ce verset ? Pourtant Jésus attire notre attention non pas sur la malhonnêteté mais sur l'ingéniosité du gestionnaire à anticiper, présence d'esprit qu'il compare au manque d'imagination, de créativité, d'initiative ou de sagacité de ses enfants qui sont censés faire prospérer son royaume terrestre avec les valeurs de sa Parole. Les fils de lumière sont timorés face à Babylone ... mais ils fréquentent les églises ! Le texte grec reporte ici le mot hébreu "Mamôn" (argent) là où Segond emploie "richesses". Donc la version de Segond ne retranscrit pas exactement ce qui est écrit :
Je vous dis : faites-vous des amis avec le Mamôn d'iniquité pour qu'il vous accueille, quand il manquera dans les tentes de pérennité. (Version A. Chouraqui)
Jésus surprend en disant que l'argent bien qu'inique pourra servir pour la construction du royaume de Dieu (les tentes de pérennité) quand celui du royaume manquera ou plus légèrement : prenez l'argent aux païens.
Les trésors de toutes les nations viendront et je remplirai de gloire cette maison dit l’Éternel des armées. L'argent est à moi et l'or est à moi, dit l'Eternel des armées. La gloire de cette dernière maison sera plus grande que celle de la première ... (Aggée 2/7-9)
Et comment l'argent arrivera-t-il dans la maison de Dieu, dans les communautés, si les communautés n'ont pas de structures pour l'accueillir ? Car enfin, l'argent ne va pas tomber dans la poche de chaque chrétien, comme ça, du jour au lendemain sans un support économique crédible. Il va falloir que les communautés facilitent la création d'activités économiques chrétiennes sous un régime communautaire où chaque individu participe à la richesse commune et non pas à la sienne propre ce qui n’est pas incompatible avec de l’abondance au delà de ses besoins. Ne gesticulez pas avec la tentation de me traiter de bolchévique, ce n'est pas ce que je préconise parce que ce n'est pas le système de Dieu. L'argent ne nous appartient pas puisqu'il appartient à Dieu et le succès que Dieu donnera à votre activité se répartira en deux utilisations :
1. vos besoins au sens large c’est-à-dire tout ce qui vous fait plaisir selon la volonté de Dieu dans le même esprit de Deut. 14/23 quant à la manière de donner la dime et
2. le zèle pour financer quelque chose dans le royaume de Dieu à partir de tout ce que Dieu rajoutera à votre prospérité : crèche, hôpital, orphelinat bien sûr mais d'abord et surtout tout ce qui peut contribuer à générer de la richesse pour financer justement les œuvres sociales qui n’en génèrent jamais mais qui coûtent : usines, magasins, banques, assurances, entreprises, logements, ou encore en amont, financer une politique chrétienne, des mutuelles de santé, bref, tout ce dont une société indépendante a besoin. Hélas on est loin du compte et nous allons voir pourquoi.
Si je demandais à toutes les églises ce qu'elles feraient si elles avaient de l'argent, la réponse serait surement : un orphelinat, un centre pour les drogués, les prostituées, un hôpital en Afrique, une banque alimentaire, une friperie, j'en passe et des meilleures. Tout cela est très louable et reste la non originalité des églises depuis des siècles : les églises ne construisent pas des sources de revenus, elles utilisent les ressources des fidèles pour réparer les dégâts de Babylone à grands coups de dépenses sociales, véritable puits sans fond, pendant que Babylone s'enrichit sur leur dos. Lorsqu'il y a une inondation domestique mon premier réflexe n'est pas d'attraper des serpillières mais de courir fermer l'eau ! Églises de Jésus-Christ de Nazareth, je vous en conjure, arrêtez d'acheter des serpillières auprès de Babylone qui en plus nous les facture au prix fort, ça commence à nous coûter cher : il est temps de maîtriser l'arrivée d'eau pour devenir des communautés autonomes et si possible enviées !
Le principal obstacle est interne
Comme dit plus haut, la Bible utilise énormément d’images tirées de l’agriculture, activité économique principale des peuples à l’époque biblique. Parmi elles, celle qui lie le berger aux brebis et au pâturage me semble très importante car c’est de cette relation que la mutation effective des communautés en nation verra le jour ou pas.
La parole de l'Éternel me fut adressée, en ces mots : fils de l'homme, prophétise contre les pasteurs d'Israël. Prophétise et dis-leur, aux pasteurs. Ainsi parle le Seigneur, l'Éternel : malheur aux pasteurs d'Israël qui se paissaient eux-mêmes ! Les pasteurs ne devaient-ils pas paître le troupeau ? (Ézéchiel 34/1-2)
Trop d’églises ont a leur tête des pasteurs auto-proclamés, quand bien même pour une bonne raison. Un pasteur ne devrait être instauré dans le ministère que s’il a directement un appel de Dieu et cela se voit rapidement car Dieu équipe toujours celui qu’il appelle afin de porter des fruits, soit il est envoyé par un autre pasteur initialement oint dans le ministère. L’origine du pasteur étant définie quel est alors son rôle ? Le passage d’Ézéchiel nous dit qu’il a pour fonction de paître le troupeau selon l’image de la relation entre le berger et les brebis. Si vous lisez ce chapitre 34 en entier (et ailleurs dans la Bible) vous noterez que les brebis n’appartiennent pas au pasteur comme certains le croient en agissant avec autorité, en usant de subordination pour retenir les brebis d’entrer dans leur appel, dans leur vocation selon les dons et les centres d’intérêt que Dieu leur a donnés. A plusieurs reprises Dieu ne cesse de répéter que les brebis sont à lui :
… parce que mes brebis sont au pillage et qu'elles sont devenues la proie de toutes les bêtes des champs, faute de pasteur, parce que mes pasteurs ne prenaient aucun souci de mes brebis … Vous, mes brebis, brebis de mon pâturage, vous êtes des hommes ; moi, je suis votre Dieu, dit le Seigneur, l'Éternel. (Ézéchiel 34/8 et 31)
En disant je suis le bon berger, le bon berger donne sa vie pour ses brebis (Jean 10/11), et non pas je suis un bon berger, Jésus nous dit qu’il est le berger par excellence, celui que tout pasteur doit imiter en transmettant l’Esprit de Jésus aux brebis. Le texte d’Ézéchiel est clair, le pasteur doit non seulement conduire les brebis du Seigneur dans de bons pâturages mais aussi, comme dans le naturel, son rôle est d’en prendre soin (lire les versets 3 et 4). Mais ce qui nous intéresse ici c’est la définition de ce qu’est un bon pâturage. Le mot pâturage est souvent pris pour synonyme de prairie, un lieu où les animaux pâturent et c’est son sens principal aujourd’hui mais son sens premier est l’action de mener les bêtes vers les lieux de nourriture quels qu’ils soient car tous les animaux qui pâturent ne broutent pas la même chose. Le rôle du pasteur est donc de mener les brebis sur les pâturages les plus riches pour qu’elles produisent des agneaux, de la laine et du lait. Un pâturage est qualifié de riche lorsqu’il offre une grande diversité de plantes et non pas qu’une ou deux comme c’est le cas lorsqu’on cultive une prairie. Ce que je vais dire à présent ne sera peut être pas facile à comprendre par tout le monde dans un premier temps y compris par des pasteurs mais lisons d’abord un autre verset d’Ézéchiel :
J'établirai sur elles un seul pasteur qui les fera paître, mon serviteur David ; il les fera paître, il sera leur pasteur. Moi, l'Éternel, je serai leur Dieu et mon serviteur David sera prince au milieu d'elles. (Ézéchiel 34/23-24)
Dans ce passage Dieu nous dit qui est le pasteur type mais quand Ézéchiel écrit cette prophétie, le roi David est mort depuis plus de 400 ans. Il ne s’agit donc pas de la personne physique de David mais de son esprit et l’esprit qui était en David n’est autre que l’Esprit de Christ qui nous a dit être le bon berger. Or David a été oint roi et son rôle a été principalement d’unifier Israël et de l’organiser en nation après en avoir chassés ses ennemis. Mais Jésus est roi et sacrificateur comme nous devons l’être (lire Roi et maître). Je vous rappelle que nous parlons de l’organisation de l’Église en nation, en un peuple influent alors qu’elle est encore atomisée en une myriade d’églises locales plus ou moins prospères, plus ou moins efficaces, seulement quant aux soins apportés aux brebis par une nourriture spirituelle riche autant que puissante ce qui, hélas, n’est pas le cas partout ! Par d’autres mots, je dirai que jusqu’ici les églises se contentent de dispenser un enseignement spirituel plus ou moins riche qui permet aux brebis de connaître le bon berger et d’acquérir son Esprit dans la mesure où leur pasteur l’a lui-même ! Sortir les païens de l’influence de Babylone et leur enseigner le Royaume de Dieu n’est en fait que le rôle primitif et partiel de l’Église qui ne suffit pas à en faire une nation triomphante (lire aussi Une nation passive). L’Église a le devoir de s’organiser pour permettre aux brebis, quelle que soit leur église locale, de favoriser l’avènement du Royaume de Dieu sur terre en opposition au système du monde. Les brebis devraient notamment être équipées pour être cette voix qui dénonce, au nom de notre Seigneur, les pratiques et les idéologies du monde en bâtissant des structures économiques qui l’affranchiraient du système de Babylone que les églises locales abhorrent sans rien faire : un peu d’amour propre quand même !
A suivre : Réformer nos églises